Construire une école de l’excellence partagée : regards croisés sur la circulaire de rentrée et la vision de E=mc³.

Chaque année, la circulaire de rentrée donne les orientations et priorités du ministère de l’Éducation nationale. Elle est adressée à toute la hiérarchie : du recteur aux personnels administratifs, sans oublier ceux qui accompagnent les élèves en situation de handicap. Les personnels d’éducation reçoivent ces directives par l’intermédiaire de leur responsable et du discours du chef d’établissement lors de la journée de reprise.
De nombreux points concernent les apprentissages tant sur le fond que sur la forme. L’introduction pose bien les bases de la réussite de ce programme : « L’ensemble de la communauté éducative est mobilisé pour garantir à chaque élève l’accompagnement nécessaire à l’expression de son plein potentiel » et « l’adaptation la plus fine possible des dispositifs aux spécificités locales ».

Chic alors ! C’est exactement le projet de E=mc³ !
Voyons donc quelques détails :

Une citoyenneté éclairée portée par tous les adultes.

L’éducation à la citoyenneté ne concerne pas que les enseignants.
Même si le sujet les passionne, une leçon de civisme ou d’empathie reste un cours. Comme dans toute formation, les notions abordées ont besoin de s’ancrer dans le réel, de se vivre pour être intégrées.
Un jeune peut comprendre quel savoir-être on attend de lui et accepter que son camarade n’ait pas encore tout assimilé. Il aura plus de mal à admettre un décalage entre ce qu’on lui a appris en classe et un comportement d’adulte.

Une grande personne qui ne réagit pas face à une incivilité la valide par défaut.

Les personnels d’encadrement sont des personnels d’éducation, pas des gardes-chiourmes. Il convient de valoriser leurs compétences au bénéfice des enfants, des adolescents et du projet d’établissement, leur rôle primordial dans la construction du vivre ensemble.

Climat scolaire et bien-être, une priorité.

La circulaire prône « l’instauration d’un climat scolaire serein ainsi que la prise en compte du bien-être et de la santé des élèves ».
Grand bien nous fasse ! 
Comme condition de réussite, c’est le minimum à rechercher. Je ne vois pas qui que ce soit travailler dans une ambiance anxiogène ou délétère. C’est « un facteur majeur de leur épanouissement et de leur capacité à envisager l’avenir avec confiance. »
Bravo ! Je ne demande que cela !

Et d’enchaîner sur les apprentissages, l’acquisition des savoirs fondamentaux de la maternelle au lycée, les maths, etc.
Dommage ! Moi, je pensais que le « cadre à la fois structurant et bienveillant » était un prérequis !

Tout changera vraiment quand le bien-être au travail deviendra une priorité.
La recherche de l’excellence, c’est le socle de la qualité de vie à l’école des enfants et des adolescents. En effet, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), c’est « la perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lequel il vit et en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. »

https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-liees-au-travail/souffrance-psychique-et-epuisement-professionnel/documents/qualite-de-vie-sante-mentale-et-environnement#:~:text=La%20qualit%C3%A9%20de%20vie%20est,Cette%20notion%20est%20prise%20en

Nous observons ici un modèle global, qui se décline en projets dans les établissements. Il doit rejaillir sur la réussite scolaire. En fait, il se délite à mesure qu’il passe de boîte mail en boîte mail.
Partons donc, tous ensemble, de l’excellence pour arriver à nos fins :

  • Qualité de nos usages.
    • Qu’est-ce qu’on peut améliorer ?
    • Comment analyser nos pratiques et les améliorer en continu ?
  • Sécurité et santé.
    • Des élèves.
    • Des enseignants.
    • De chaque membre de la communauté éducative, y compris les parents…

Orientation : un parcours qui commence dès la maternelle.

« Chaque collège élaborera par ailleurs une stratégie de réussite en 4e et en 3e, visant à la fois une consolidation des acquis des élèves et le développement de leur autonomie et de leur capacité à se projeter vers leur future orientation. »
S’il est vrai que tout projet soutient la motivation, je ne vois aucun adolescent capable de se « projeter ». Et c’est normal : son cerveau ne peut prendre des décisions qu’avec le système limbique, autrement dit avec les émotions. D’où des choix motivés par des rêves de gloire ou de richesse, ou encore pour faire plaisir aux parents…
Mais je trouve que parler d’orientation en 4e – 3e, c’est déjà tard !

Je pense qu’il s’agirait de proposer, dès la maternelle, un bain de culture du travail.

Est-ce que nous n’avons pas l’impression, lorsque nous sommes enfants, que tout paraît un peu surnaturel ? En pleine période d’imitation, je m’imagine policière ou vendeuse. J’y joue même. Mais, pas un instant, je ne comprends que c’est un métier, qu’un chemin existe pour y arriver et que je peux l’emprunter.
Bon d’accord, on ne voudrait pas briser la magie par des référentiels de compétences, mais on peut faire en sorte que les petits découvrent les réalités et le champ des possibles.
Je proposais une série d’activités en 2014 dans le cadre des TAP : des recherches – enquêtes auprès des voisins et parents, des jeux de simulation, etc.
Au-delà de « Devoirs faits et [d] es stages de réussite », pourquoi ne pas travailler avec les personnels du périscolaire et les animateurs des centres sociaux ?  

Lutter contre les inégalités c’est au jour le jour que ce travail progresse.

C’est chaque jour que se construit un parcours, qu’il se questionne et s’affine. Il ne suffira pas de « quatre demi-journées dédiées par an : visites d’entreprises, de plateaux techniques, de salons et forums, rencontres avec des professionnels et des rôles modèles ».
« L’implication des familles dans la conception du projet d’orientation de leur enfant », je suis pour ! Mais en 3e et 2de, c’est déjà tard…
Que « l’État et les régions renforcent leur coopération. » Je suis pour ! Cela permettra une adéquation des cursus avec les besoins économiques, certes. Mais, c’était bien la peine de les laisser rêver en maternelle si c’est pour les transformer en chair à canon ! Restons positifs : en connaissant mieux le fonctionnement d’une entreprise et ses attentes, l’adaptation au poste sera meilleure et la souffrance au travail moindre…

Que la formation initiale aille dans le sens de la formation continue et tout le monde y gagnera !

En lien avec les cités éducatives, les intervenants de terrain – associations, municipalités, centres sociaux – doivent participer à atteindre les objectifs de cette circulaire :

  • Lutter contre les inégalités sociales.
  • Lutter contre les inégalités de territoire.
  • Lutter contre les inégalités de genre.

Et bien sûr, lutter contre ce qui découle de ces inégalités, comme autant de symptômes : violence, incivilités, racisme, homophobie, harcèlement.

Former le futur citoyen, dans une école protectrice où les adultes travailleraient de conserve avec les acteurs de terrain, en toute sérénité.
Quel bonheur !
Et sans oublier personne. « Déployer les pôles d’appui à la scolarité (PAS) pour une meilleure inclusion et une meilleure réussite de tous les élèves à besoins particuliers ».
Bonne nouvelle ! Si ce n’est que je positionnerais l’inclusion tout en haut de la liste, au même niveau que le bien-être au travail et à l’école. C’est la base, sinon ce n’est pas de l’inclusion.

Reprenons :

Former le futur citoyen, dans une école protectrice et inclusive où les adultes travailleraient de conserve avec les acteurs du territoire, en toute sérénité.
Allez, on y va ?  

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