Favoriser l’autonomie en cantine scolaire : un enjeu éducatif partagé

Dans une précédente publication, je vous proposais un jeu pour découvrir les impératifs à avoir en tête pour favoriser l’autonomie des enfants et des adolescents.

Aujourd’hui, plongeons un peu plus dans les attentes des responsables à l’égard de leurs équipes en cantine.

Les attentes des responsables envers les équipes de cantine scolaire

Partons du principe, déjà évoqué également, que tout adulte au contact avec un jeune pose un acte éducatif en positif ou par défaut. Cela signifie que le personnel dédié à la surveillance n’est pas le seul dont vous attendez une attitude d’éducateur.

La preuve, au-delà de l’application stricte des normes HACCP, du nettoyage rigoureux des locaux et du matériel et de la traçabilité des produits et gestion des stocks, vous souhaitez :

Professionnalisme et exemplarité

  • Respect des horaires, des consignes et du cadre réglementaire
  • Présentation soignée et comportement respectueux
  • Capacité à gérer les situations avec calme et discernement

Sécurité et bien-être des élèves

  • Surveillance attentive des enfants : prévention des accidents, gestion des conflits
  • Application des règles d’hygiène et de sécurité alimentaire
  • Réactivité en cas de problème : malaises, incidents…

Qualité de l’accueil

  • Attitude bienveillante et respectueuse envers les élèves
  • Capacité à créer un climat serein et rassurant pour les enfants et les parents
  • Prise en compte des besoins spécifiques : handicap, troubles du comportement

Service efficace et agréable

  • Fluidité dans le service pour éviter les tensions
  • Politesse et écoute envers les élèves
  • Gestion des régimes alimentaires particuliers

Éducation au goût et à la citoyenneté

  • Encouragement à goûter, à respecter les autres et à trier les déchets
  • Participation à des projets éducatifs : semaine du goût, lutte contre le gaspillage

Favoriser l’autonomie des enfants à la cantine : pratiques et outils éducatifs

C’est déjà énorme et pourtant, les personnels doivent aussi faire équipe avec les ATSEM, les animateurs ou les AVS, selon les cas, pour favoriser le processus d’autonomisation des enfants en mettant en place des trucs, des astuces, des jeux :

Chacun son rythme

  • Permettre aux petits de choisir leur place à table dans un cadre défini.
  • Laisser aux enfants le temps nécessaire pour manger, sans qu’ils se sentent obligés de terminer rapidement.
  • Proposer un espace calme pour ceux qui ont besoin de plus de tranquillité.

Besoin d’expérimenter

  • Proposer des ateliers de découverte : goûter des aliments nouveaux, deviner les ingrédients.
  • Laisser les enfants composer leur assiette, dans une certaine limite : choisir entre deux légumes, ou entre fromage et dessert.
  • Mettre en place des petits défis culinaires : par exemple, « goûter un aliment qu’on ne connaît pas ».

Droit de prendre des décisions

  • Donner aux enfants des rôles tournants : chef de table, responsable du pain, du tri des déchets, etc.
  • Leur permettre de choisir leur portion – petite, moyenne, grande – selon leur appétit.
  • Impliquer les élèves dans des réunions de cantine pour donner leur avis sur les menus ou l’ambiance.

Chacun sa méthode

  • Laisser les enfants se servir eux-mêmes, avec aide si besoin, pour développer leur motricité et leur confiance.
  • Proposer plusieurs façons de nettoyer ou ranger après le repas : avec des lingettes, des bacs, etc.
  • Respecter les préférences sans jugement : certains séparent tous les aliments, d’autres les mélangent.

Droit à l’erreur

  • Valoriser les essais, même s’ils ne sont pas « réussis » : un petit qui renverse en servant, qui goûte, mais n’aime pas.
  • Créer un climat bienveillant où les erreurs sont vues comme des opportunités d’apprentissage.
  • Encourager les enfants à exprimer leurs ressentis : « Je n’ai pas aimé », « J’ai eu du mal à couper », etc.

Freins à l’autonomie : entre peurs, habitudes et opportunités manquées

Tous les jours, tous les plats ne sont pas propices à mettre en place ces procédés. Cependant, il est nécessaire d’y réfléchir, sans toujours remettre à demain. C’est souvent la crainte de l’accident, l’idée du manque de temps, la hantise des reproches de parents qui retient les personnels de laisser de l’espace aux élèves.

Je me souviens d’une fois où l’on m’avait prédit qu’une maman allait débouler parce que j’avais proposé à une petite fille de goûter un steak haché de veau. J’avais déposé un morceau sur le bord de son assiette en lui promettant de lui donner le reste si elle en voulait. Son voisin de table travaillait pour moi en se régalant ostensiblement. Je précise que la famille ne suivait pas un régime vétarien, bien sûr !

Dans une autre cantine, j’ai vu une dame qui coupait la viande de tous les enfants, même les CM1 et CM2 ! Elle tentait visiblement d’acheter leur calme en se mettant inconditionnellement à leur service. Résultat : ils faisaient les zouaves en attendant leur tour ou croquaient dans leur tranche entière sans fournir le moindre effort. Pire encore, ils lui tendaient leur assiette sans un regard ni un merci.

Un maire ou un directeur attend que son personnel se montre fiable, formé, et engagé, capable de favoriser un climat scolaire positif, acteur de la coéducation et du vivre-ensemble. N’oublions pas : l’autonomie n’est pas un état, c’est un processus.

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